La marque allemande termine sa campagne 2025 en IMSA avec les six titres en jeu. Mais Petit Le Mans n'a pas été une formalité.
Sur le papier, cela paraît simple. La troisième place de la Porsche n°6 du Français Mathieu Jaminet et de l'Australien Matt Campbell à l'issue de Petit Le Mans, manche finale de la saison 2025 de l'IMSA, leur permet de remporter le titre pilotes et équipes.
Ce résultat autorise également Porsche à aligner sa deuxième couronne consécutive côté constructeurs dans le championnat nord-américain d'endurance, après 10 heures de course sur le tracé de Road Atlanta (États-Unis).
Des mauvaises nouvelles
En réalité, la semaine de l'équipe Porsche-Penske n'a rien eu d'une promenade. Il y eut d'abord une annonce. Confronté à une situation économique dégradée, Weissach a décidé de « débrancher » son engagement dans la catégorie Hypercar en Championnat du monde d'endurance (WEC).
Si le programme IMSA se poursuivra bien l'an prochain avec les Porsche 963, ce choix génèrera forcément des changements. Notamment dans les programmes prévus pour des pilotes officiels du calibre de Kévin Estre, Nick Tandy ou Felipe Nasr.
« Cela faisait des semaines qu'on sentait venir cette décision, a révélé Laurens Vanthoor à nos confrères belges de La DH.
« Quand nous demandions des explications, on nous envoyait balader. Nous avons été contactés deux heures avant la parution du communiqué ».
Un avantage pneu bientôt perdu ?
Depuis près de trois ans, Porsche faisait courir ses voitures des deux côtés de l'Atlantique tout en fournissant des équipes privées. Nous avions ainsi calculé en début de saison que les Porsche 963 avaient parcouru plus de 100 000 kilomètres en course sur leurs deux premières campagnes. De quoi nourrir une impressionnante base de données. Notamment sur l'exploitation des pneumatiques Michelin utilisés dans la catégorie reine en Championnat du monde d'endurance (WEC) et pour la totalité du plateau en IMSA.
Or, le redimensionnement du programme 963 intervient à un moment décisif côté gommes. En effet, Michelin lancera dans quelques mois sa nouvelle gamme pneumatique à destination des deux compétitions. Parmi les nouveautés figurent l'utilisation de 50 % de matériaux durables, une mise en température facilitée ou encore l'apparition d'un habillage alvéolaire sur les gommes neuves. Les équipes repartiront donc à zéro… Et Porsche ne pourra plus compter sur son double programme pour accumuler plus vite de l'expérience que d'autres.
Douleurs dorsales
Champion du monde d'endurance 2024, Laurens Vanthoor était présent à Road Atlanta pour renforcer l'équipage de la Porsche n°7. Celui-ci est habituellement constitué par Nick Tandy et Felipe Nasr sur des manches plus courtes. Ce que le Belge ignorait en arrivant sur le circuit, c'est qu'il prendrait le volant des deux Porsche « usine » pendant la course.
L'équipage de la n°6 devait pour sa part être renforcé pour cette épreuve longue distance par le Français Julien Andlauer. Mais le véloce lyonnais – notamment auteur d'une spectaculaire première heure au Mans - fut immobilisé par de violentes douleurs dorsales samedi matin. L'annonce de son forfait intervint seulement deux heures avant le départ.
« Laisser l'équipe dans cette situation à cause de violentes douleurs au dos est le pire sentiment de ma vie, a déclaré Julien Andlauer sur ses réseaux sociaux.
« Après quelques vérifications au circuit, j'ai dû prendre le premier vol pour rentrer chez moi pour des examens complémentaires ».
Au même moment, les titulaires et favoris pour le titre – Mathieu Jaminet et Matt Campbell – avaient des difficultés à pénétrer sur le circuit américain, coincés dans des embouteillages monstres. Après le damier, le Lorrain racontait sa frayeur d'avant-course :
« Il y avait beaucoup de fans ici, ce qui est une bonne chose, mais nous avons presque manqué les tours de reconnaissance. Avec Matt, nous avons marché 3 km à pied pour arriver à temps ».
Double casquette
En cas de force majeure, le règlement de l'IMSA autorise un pilote à participer à une course sur deux voitures différentes de la même équipe. Laurens Vanthoor fut donc appelé à la rescousse sur la Porsche n°6, en plus de son engagement à bord de la voiture sÅ“ur. Cette astuce, fréquente en endurance dans les années 1950 ou 1960 est plus qu'une exception aujourd'hui.
Parmi les subtilités : Vanthoor n'avait pas le droit de rouler plus de 4 heures par tranche de six… De quoi semer une belle confusion dans la tête des ingénieurs piste de l'équipe Porsche-Penske. On a donc vu le Belge au volant de la n°7 de 14h59 (locales) à 16h15. Puis à bord de la n°6 de 17h13 à 19h11.
« Je n'avais jamais conduit la n°6 auparavant et j'ai pris le volant alors que la voiture était en tête, admit Laurens Vanthoor après la course. Mes équipiers (Jaminet et Campbell, ndlr.) luttaient pour le titre, je ne pouvais donc pas me permettre de faire une erreur ».
La mission fut remplie avec brio puisqu'à bord de la 963, il parvint à réaliser la deuxième meilleure moyenne sur ses 50 % de tous les plus rapides, selon le très observé rapport de The B Pillar.
Pas de risques
Le chrono le plus véloce sur cet exercice appartient au prometteur Frederik Vesti, à bord de la Cadillac n°31 de l'écurie Action Express. La V-Series R. fut d'ailleurs la voiture ayant mené le plus longtemps l'épreuve au cours de cette 28e édition de Petit Le Mans. En plus des progrès de Vesti, la justesse d'Earl Bamber (un ancien porschiste…) et de Jack Aitken méritent des lauriers.
Alors que la nuit tombait sur le boisé tracé géorgien, c'est d'ailleurs cette Cadillac écarlate, mais pas « dangereuse » pour le titre qui menait devant la Porsche n°6.
« À partir d'un certain moment, nous avons décidé de suivre la n°31 et de réduire les risques, expliqua Mathieu Jaminet après l'arrivée.
« Gagner la course n'était pas l'objectif principal et nous nous sommes concentrés celui de ramener la voiture à bon port ».
Un dernier arrêt express pour rajouter de l'essence fut d'ailleurs nécessaire à quelques minutes du gong, laissant filer l'Aston Martin Valkyrie. Ce ravitaillement eût lieu au même moment que celui de la Lamborghini SC63 pour sa (possible) dernière sortie en compétition. La quatrième place finale est une performance remarquable pour le Taureau. Avec près de 6 heures au volant et un rythme étourdissant, Romain Grosjean en est le principal artisan.
Après 10 heures de course, la Porsche n°6 passa le damier au 3e rang, assurant le titre au pilote lorrain et à son équipier australien. En terminant devant la meilleure Acura, le trio ramena aussi la couronne « constructeurs » à Porsche.
Matt Campbell et Mathieu Jaminet avaient déjà décroché la couronne de champion IMSA en classe GTD Pro, il y a trois ans, déjà pour le compte de Porsche.
« Je cherchais à gagner ce titre depuis deux ans, expliquait Mathieu Jaminet. En 2023 et 2024, j'ai tout donné mais ce n'était pas assez remporter la couronne. C'était frustrant. Mais cela rend cette victoire encore plus spéciale ».
Porsche remporte aussi la Michelin Endurance Cup
La marque allemande conserve également ses titres dans la Michelin Endurance Cup, regroupant les cinq manches les plus longues de l'IMSA (Daytona, Sebring, Watkins Glen, Indianapolis et Petit Le Mans). Mais côté pilotes, ce sont Felipe Nasr et Nick Tandy qui sont sacrés. C'est surtout le résultat de leurs victoires aux 24 Heures de Daytona en janvier et aux 12 Heures de Sebring en mars.
Le classement de Petit Le Mans 2025
Cadillac n°31 (Aitken / Bamber / Vesti) – 436 tours
Aston Martin n°23 (de Angelis / Gunn / Riberas) + 5,2 s.
Porsche n°6 (Campbell / Jaminet / Vanthoor) + 12,7 s.
Lamborghini n°63 (Grosjean / Kvyat / Mortara) + 34,4 s.
Acura n°60 (Blomqvist / Braun / Dixon) + 41,1 s.
Champions IMSA 2025
Pilotes : Matt Campbell (AUS) et Mathieu Jaminet (FRA)
Équipe : Porsche n°6 (Campbell/Jaminet)
Constructeur : Porsche
Michelin Endurance Cup 2025
Pilotes : Felipe Nasr (BRE) et Nick Tandy (R-U.)
Équipe : Porsche n°7 (Nasr/Tandy)
Constructeur : Porsche
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